Accouchement à domicile : POURQUOI CE CHOIX ?

Accouchement à domicile : POURQUOI CE CHOIX ?

C’est une évidence pour certains, alors que d’autres estiment ce choix dangereux.
Aux Pays-Bas, près de 30% des naissances ont lieu à domicile ! Par contre en France, cette pratique reste très marginale (à peine 1% des naissances).

Si on élargit notre horizon, on se rend compte que plus de 90% des naissances dans le monde s’effectuent au domicile de la mère.
Il va de soi que la plupart de ces femmes n’accouchent pas à domicile par choix, l’hôpital leur est simplement inaccessible.

Pourquoi alors, nous qui vivons dans des pays industrialisés et qui avons la possibilité d’accoucher en milieu hospitalier, faisons-nous le choix d’accoucher à domicile ?
Nous parlons ici de l’accouchement à domicile accompagné par une sage-femme. L’accouchement non assisté est un tout autre sujet.

 

La naissance, un acte médical ?

Au cours du XXème siècle, la médecine a beaucoup progressé.

Ces progrès ont été salvateurs pour de nombreux nouveaux-nés et de nombreuses mères en Europe et dans les autres pays industrialisés. Ainsi la naissance a progressivement été de plus en plus considérée comme “un acte médical” et les accouchements ont été déplacés des domiciles vers les maternités.

En contrepartie les actes techniques tels que la péridurale, l’épisiotomie, la césarienne et les extractions instrumentales ont augmenté. Certains de ces actes médicaux sont actuellement systématiques ou presque dans beaucoup de maternités.

 

Hypermédicalisation

Au cours du siècle dernier, cette ” hypermédicalisation ” est remise en question et les notions de grossesses physiologiques et grossesses à bas risque apparaissent.
Car on se rend compte que l’accouchement en structure représente un risque iatrogène (=Se dit d’un trouble, d’une maladie provoqués par un acte médical ou par les médicaments, même en l’absence d’erreur du médecin.). L’hypermédicalisation de la naissance peut avoir des conséquences néfastes sur la santé de la mère et de son enfant.

C’est l’une des premières raisons évoquées par les parents ayant fait le choix d’une naissance à domicile pour leur enfant.
Nous souhaitons une naissance la moins médicalisée possible afin de :

– Laisser place à une naissance physiologique et naturelle,
– Eviter les conséquences néfastes que peuvent induire certains gestes médicaux.

 

Accouchement hospitalier mal vécu

C’est aussi parfois suite à un premier accouchement en maternité mal vécu que les futurs parents choisissent l’accouchement à domicile pour un deuxième enfant.
Conscience de l’effet iatrogène ou violences obstétricales peuvent orienter vers ce choix.

 

Parents acteurs et actifs

Autonomie et responsabilité

Lorsque l’on prévoit d’accoucher à la maison, on envisage l’accouchement d’un regard tout à fait différent.

On prépare de bons petits plats que l’on congèle, on se questionne sur l’installation d’une piscine d’accouchement, on se procure le matériel utile à la sage-femme lors de la naissance, on bricole un éclairage tamisé, on achète des bougies, on fait sécher des pétales de roses…

La future maman est totalement actrice de son accouchement.
Ces femmes là ne sont pas de celles qui disent “la sage-femme qui m’a accouchée”. Leur sage-femme est leur bonne fée qui les accompagne lors de leur accouchement.
Dans le cadre d’un accouchement à domicile, la sage-femme laisse la future maman libre de ses mouvements et de ses positions.

Le papa peut trouver dans l’accouchement à la maison une place totalement différente de celle prévue pour lui en maternité.
Il peut s’investir dans un rôle d’une grande importance.
Gérer la température de la pièce, mettre en place et gérer l’éventuelle piscine, veiller à l’alimentation et l’hydratation de la future maman, surveiller ses contractions, contacter la sage-femme… puis nourrir et soigner la petite famille les jours qui suivent Smile. Mon homme a mis tout son cœur à réaliser ces diverses missions et c’était quelque-chose de magique pour nous trois. Former cette équipe est fabuleux !

 

Réduction du stress

Pour certaines personnes, le cadre de la maternité est rassurant. Mais pour d’autres, il est anxiogène au possible.
Personnellement, c’est le jour où j’ai visité la maternité à 7 mois de grossesse que j’ai réellement décidé d’accoucher à la maison !

Rester à la maison, c’est rassurant et confortable.

 

Pas de trajet en voiture pendant le travail !

Lorsque l’on souhaite que la naissance ait lieu de façon naturelle, le maître mot est le lâcher prise. Il est essentiel de se laisser totalement aller et de n’écouter que son corps, guide (Pour connaitre les 3 choses essentielles pour accoucher naturellement, c’est par ici !).

Comment est-il possible d’agir ainsi si l’on doit monter dans une voiture, supporter le trajet plus ou moins long, changer de lieu, d’atmosphère, répondre à des questions… etc ?
De nombreuses femmes y parviennent et je dis “chapeau” ! Mais je suis intimement persuadée que le travail peut être grandement perturbé par cette stimulation mentale.

C’est après mon accouchement que j’ai réalisé à quel point cela m’aurait été difficile et perturbant de devoir rejoindre l’hôpital…

 

Une prise en charge plus personnelle

Accompagnement global

L’accompagnement global permet de créer un lien avec la sage-femme qui accompagnera l’accouchement, pendant la grossesse. Cette formule est d’une richesse incomparable pour un accouchement en confiance. L’accompagnement global n’est possible que dans le cadre d’un accouchement à domicile ou en plateau technique.

 

Continuité des soins

Si vous avez la chance de vivre géographiquement proche de votre sage-femme AAD (Accouchement A Domicile), son accompagnement sera total : du début de la grossesse à votre suivi gynécologique, en passant par la rééducation du périnée et le suivi de votre enfant.

 

Intimité

La naissance d’un enfant est un moment naturellement très intime. Et préserver cette intimité est non seulement précieux, mais également garant d’un bon déroulement de l’accouchement.
De nombreux facteurs tels que la luminosité, la présence de quelqu’un, la répétition de touchers vaginaux, peuvent ralentir le travail, le stopper, le perturber.

Il est important de réaliser à quel point une future mère a besoin d’un espace intime dans lequel elle se sent en confiance pour donner naissance à son enfant.

 

Selon le National Birthday Trust Fund [1], le choix de l’accouchement à domicile repose sur différentes raisons :

– 30% évoquent l’intimité, le respect
– 25% évoquent le coté pratique, commode, la présence de la famille
– 24% évoquent une réduction du stress, un meilleur contrôle et implication
– 11% évoquent un accouchement hospitalier mal vécu
– 10% évoquent un précédent AAD bien vécu
– 10% évoquent la peur de l’hôpital, le rejet des protocoles et règlements
– 4% évoquent l’accompagnement global et la continuité des soins.

Dans d’autres études qualitatives sur l’AAD [2], les femmes disent que donner la vie à la maison est un événement positif, donnant un sentiment de puissance, et très satisfaisant.

 

Est-ce plus risqué d’accoucher à domicile qu’en milieu hospitalier ?

De nombreuses études ont été menées pour répondre à cette question.
Voici la conclusion de Cathy-Anne PIREYN-PIETTE, qui a profondément étudié le sujet et épluché les études pour son mémoire pour le diplôme d’état de sage-femme :

Au terme de cette étude, il n’existe aucune évidence scientifique pour favoriser, sur les critères de mortalité et morbidité périnatale, un type de prise en charge obstétricale plutôt qu’un autre dans une population sélectionnée de femmes à bas risque.

C’est aussi la conclusion de la société française de médecine périnatale en 1999 [3].

Pour cette population, il n’est donc pas justifié de recommander un accouchement hospitalier plutôt qu’un accouchement à domicile.
L’information pour l’AAD ou l’hôpital doit donc être donnée objectivement aux couples, avec les risques généraux et spécifiques à chaque lieu.

Pour les femmes qui le désirent, l’AAD semble par contre apporter un bénéfice important sur
– la morbidité maternelle
– le nombre d’interventions médicales : réduction au moins par deux du nombre d’extractions instrumentales, de césariennes…
– la satisfaction des femmes ; critère important puisqu’il influence le lien mère-enfant et le bien-être psychique des femmes en post-partum.

Pour autant, l’AAD ne doit pas être systématiquement généralisé chez les femmes à bas risque car la sécurité de cette pratique est indissociable d’un choix responsable du couple.

 

Accoucher à la maison, c’est donner naissance à son enfant dans l’intimité du cocon familial. Mais les couples qui font ce choix recherchent surtout le respect de la physiologie de la naissance.
Les personnes non initiées ont tendance à penser qu’il ne s’agit que d’une question de lieu. C’est loin d’être le cas et cet article est là pour l’exprimer !

L’accouchement à domicile est possible dans le cas d’une grossesse à bas risque. Les sage-femmes AAD ne prennent pas en charge tout accouchement qui s’annonce “non physiologique”. Aussi, elles savent évaluer la nécessité d’un transfert à l’hôpital. Lorsque l’on programme un AAD, on sait que pour diverses raisons, on peut être amené à rejoindre l’hôpital. Il est important de s’y attendre, et d’en mesurer l’importance.
Une naissance n’est pas un acte médical en soi mais peut parfois nécessiter une assistance médicale. Il est donc conseillé de constituer un dossier médical et d’élaborer un projet de naissance dans une maternité qui seront utiles en cas de transfert.

Malheureusement les sages-femmes pratiquant l’AAD sont peu nombreuses en France. Leurs conditions d’assurance sont actuellement financièrement inabordables. Ce métier constitue un engagement fort en faveur de la naissance naturelle et sa pratique demande une grande disponibilité.

Merci à vous toutes, bonnes fées qui permettez la douce naissance à la maison. <3

Je vous invite à découvrir mon récit de naissance ainsi que celui de mon compagnon, une aventure formidable pour notre petite famille !

 

[1] CHAMBERLAIN G, WRAIGHT A, CROWLEY P, Home Births – The report of the 1994 confidential enquiry by the national Birthday Trust fund. Parthenon Publishing, 1997
[2] ANDERSON RE, MURPHY PA : outcomes of 11788 planned home births attended by certified nurse midwives . Jal of nurse midwifery ; dec 1995, pp 483-492
[3] DREYFUS M, TISSIER I. Le lieu d’accouchement – constat et données scientifiques. 29è journées de la société française de médecine périnatale – Ed Arnette- 1999

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Cet article a 4 commentaires

  1. Merci pour ce bel article qui présente de manière complète ce mode d’accouchement encore méconnu et peu envisagé en France. En espérant que l’AAD se développe et que le travail des sage-femmes qui s’engagent dans cette voix soit reconnu et valorisé…

    1. Oui, c’est bien dommage que cette pratique soit si peu valorisée…

  2. Hello ! Super chouette que je tombe sur ton article, je viens d’en écrire un sur l’accouchement à domicile aussi ! (article invité sur un autre blog qui sortira bientôt) je pensais être la seule à écrire sur le sujet mais je suis super contente de voir que ce n’est pas le cas ! Yes ! Je suis sage-femme et je pratique des accouchements à domicile, ce sujet me tient à coeur ! Merci pour cet article <3

    1. Hey ! Ravie d’apprendre ton existence 🙂 Et merci pour ton commentaire. Je vais aller visiter ton blog avec plaisir.

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